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hâta la procédure, et l’on informa promptement.

De son côté notre intéressante aventurière, accoutumée depuis long-tems à la calomnie, à l’injustice et au malheur, faite depuis son enfance à ne se livrer à un sentiment de vertu, qu’assurée d’y trouver des épines, éprouvait une douleur plus stupide que déchirante  ; ses larmes retombant glacées sur son cœur, ne pouvaient humecter ses beaux yeux. Cependant, comme il est naturel à toute créature souffrante d’imaginer même l’impossible pour se tirer de l’abîme où son infortune la plonge, le père Antonin lui revint à l’esprit  ; quelque médiocre secours qu’elle en attendît, elle ne se refusa point à l’envie de le voir  ; elle le demande, il paraît. On ne lui avait pas dit par quelle personne il était desiré  ; il affecte de ne pas reconnaître Justine qui, pour sauver le mauvais effet de ce procédé, s’empresse de dire au geolier, qu’il est très-possible que cet honnête religieux ne se ressouvienne pas d’elle, n’ayant dirigé sa conscience que dans les plus jeunes années de sa vie. À peine avais-je douze ans, continua-t-elle, lorsqu’il me fit faire ma première communion  ; et quoiqu’il en puisse être, à ce titre, elle demande