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tôt sur notre infortunée, elle l’accable de coups… elle a l’insolence de la trousser et de lui déchirer de ses ongles les cuisses, le ventre et les fesses, elle lui donne des soufflets, elle l’invective de toutes les manières, toujours en la menaçant du pistolet, si elle ose jeter un seul cri. Justine fond en larmes.

Cependant, on avançait fort vîte ; l’homme qui courait devant faisait préparer les chevaux, et l’on n’arrêtait à aucune poste… Qu’entreprendre ?… L’abattement de Justine et sa faiblesse la mettaient dans un tel état, qu’elle préférait la mort aux peines de s’en garantir.

On allait entrer dans le Dauphiné, lorsque six hommes à cheval, galoppant à toute bride derrière la voiture, l’atteignent, et forcent le postillon à s’arrêter. Il y avait à trente pas du chemin une chaumière où les cavaliers poursuivans ordonnent au postillon d’amener la chaise : ici Dubois s’apperçoit que c’étaient des gens de la maréchaussée ; elle leur demande, dès qu’elle a mis pied à terre, si elle est connue d’eux, et de quel droit on en use ainsi avec une femme de son rang ? Tant d’effronterie réussit à merveille. Nous n’avons pas l’honneur de vous connaître, madame, dit l’exempt ; mais nous sommes certains que vous