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la Dubois ; mes raisons de la laisser en paix sont les mêmes que celles que je vous exposais hier ; réparons seulement les torts qu’elle vous a fait. Voilà d’abord l’argent qu’elle vous a pris. Une heure après, une couturière vint essayer à Justine deux vêtemens complets ; une lingère lui apporta des chemises. Il faut partir, lui dit alors Valbois, partir dans la journée même ; la Bertrand y compte ; elle est prévenue ; rejoignez-la… O vertueux jeune homme ! s’écria Justine en tombant aux pieds de Valbois, puisse le ciel vous rendre un jour tous les biens que vous me faites ! je ne cesserai jamais de l’implorer pour vous. Allez, chère fille, répondit cet honnête mortel en embrassant notre infortunée, le bonheur que vous me souhaitez, j’en jouis déjà, puisque le vôtre est mon ouvrage. Adieu.

Voilà comme Justine quitta Grenoble ; et si elle n’y trouva pas tout le bonheur dont elle s’était flattée, au moins ne rencontra-t-elle dans aucune autre ville tant d’honnêtes gens réunis pour plaindre ou calmer ses maux.