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vos bals et vos comédies ? qui doute que vos petites maîtresses à nerfs et à vapeurs ne les vinssent incessamment dissiper aux égorgemens populaires ? Les Porcies, les Cornelies pleuraient aux tragédies de Sophocle, et n’en venaient pas moins se chatouiller lubriquement le clitoris aux massacres des chrétiens, dans le cirque de Rome. Néron jouait supérieurement Œdipe, et déchiquetait voluptueusement, au sortir de là, les jolis tetons de Sainte-Cécile, ou les belles fesses de sœur Agathe, qui avaient, l’une et l’autre, l’imbécillité de croire au Christ. Ces spectacles, à-la-fois magnanimes et piquans… dignes du génie d’une grande nation, ne seraient révoltans pour nous, que parce que nos yeux n’y seraient pas faits ; l’on frémirait peut-être aux premiers ; on s’écraserait aux seconds. Nos places publiques ne sont-elles pas remplies chaque fois que l’on y assassine juridiquement[1] ? Ce serait la même chose ici. Nous

  1. Ce qu’il y a de fort singulier, c’est qu’elles le sont presque toujours par des femmes ; elles ont donc plus de penchant que nous à la cruauté, et cela, parce qu’elles ont l’organisation plus sensible ; voilà ce que les sots n’entendent pas.