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créé que pour être utile au riche, que pour être employé à ses besoins… à ses fantaisies, pour servir de fascines dans les sièges, comme fit Mahomet à Constantinople. Forcez-le donc sans aucun scrupule ; contraignez-le par la misère où vous le reduisez, à ne plus jouer d’autres rôles sur la surface du monde ; obligez-le à amener lui-même les enfans qu’il a de trop dans le cabinet de vos plaisirs, où vous les flétrirez, où vous les immolerez, si bon vous semble. Voilà le seul moyen d’écumer cette crasse dont les ressorts de l’État, si l’on n’y prend garde, sont toujours ébranlés tôt ou tard.

3°. Une autre considération importante est de remettre le peuple sous le joug de la servitude d’où la cupidité et la mauvaise politique de nos rois l’ont sorti ; redoutant l’empire de la noblesse, ils affranchirent le peuple pour maintenir l’équilibre, sans prendre garde à l’inégalité des poids… sans observer que cette noblesse qu’ils voulaient affaiblir ne s’anéantirait jamais sans entraîner le trône dans sa chute. Si les rois ne veulent pas rendre aux seigneurs ces paysans dont ils étaient immeubles, qu’ils les gardent pour eux, j’y consens ; mais qu’ils ne les soustrayent pas à l’esclavage :