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méprisable qui, grossièrement lancée sur notre planette comme l’écume de la nature, ne peut vivre qu’à force de peines et de sueurs… qui nous vole, qui nous pressure, qui nous excroque toutes les fois qu’elle ne peut nous faire autrement contribuer ; voilà celle que je voue à la chaîne et à l’humiliation perpétuelle, celle que j’affirme n’exister dans le monde que pour servir l’autre ; tout ce qui respire doit se liguer contre cette classe abjecte ; l’univers entier doit concourir à river les fers de ces vils esclaves, bien certain d’être à son tour grevé, s’il s’appitoie ou se relâche. Vous, que j’élève et dont je reconnais les droits, ne balancez donc point à vous soumettre au gouvernement le plus despote ; celui-là seul maintiendra vos privilèges et les fera valoir ; flatté de vous voir contribuer comme lui à l’asservissement des seuls êtres qu’il ait à redouter, il vous cédera, tant que vous le voudrez, une portion de son autorité pour assurer l’autre, et les loix qu’il aura promulguées ne feront jamais qu’effleurer vos têtes pour aller mutiler les leurs. Est-il un pays dans le monde où les grands soient plus heureux qu’en Turquie ? Ils craignent le cordon, j’en conviens ; mais ce supplice est bien rare pour eux ; seulement destiné pour