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est en l’air ; le sperme en t’égorgeant en jaillira par flots, et de nouvelles horreurs lui rendront bientôt toute son énergie. Il n’est que le crime au monde pour faire bander un libertin ; tout ce qui n’est pas criminel est fade, et ce n’est jamais qu’au sein de l’infamie que la lubricité doit naître. — Ce que vous dites est affreux, répondit Justine ; mais malheureusement j’en ai vu des exemples. — Il en est mille, mon enfant : il ne faut pas s’imaginer que ce soit la beauté d’une femme qui irrite le mieux l’esprit d’un libertin ; c’est bien plutôt l’espèce de crime qu’ont attaché à sa possession les loix civiles ou religieuses : la preuve en est que, plus cette possession est criminelle, et plus nous en sommes irrités. L’homme qui jouit d’une épouse qu’il dérobe à son mari, d’une fille qu’il enlève à ses parens, est bien plus délecté sans doute que le mari qui ne fout que sa femme ; et plus les liens qu’on brise paraissent respectables, plus la volupté s’aggrandit. Si c’est sa mère, son fils, sa sœur, sa fille, dont il jouisse, nouveaux attraits aux plaisirs éprouvés. A-t-on goûté tout cela, on voudrait que les digues s’accrussent encore, pour donner plus de charmes à les franchir. Or, si le crime assaisonne