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se voyait un crucifix entre deux cierges noirs, un poignard à trois lames crochues, un pistolet tout armé, et une coupe remplie de poison. À gauche, le corps tout frais, d’une superbe femme, attaché à une croix : elle y était posée sur la poitrine, de façon qu’on voyait amplement ses fesses… mais cruellement molestées ; il y avait encore de grosses et longues épingles dans les chairs, et des goûtes d’un sang noir et caillé formaient des croûtes le long des cuisses : elle avait les plus beaux cheveux du monde ; sa belle tête était tournée vers nous, et semblait implorer sa grace. La mort n’avait point défiguré cette sublime créature, et la délicatesse de ses traits, moins offensée de la dissolution que de la douleur, offrait encore l’intéressant spectacle de la beauté dans le désespoir. Le fond du caveau était rempli par un vaste canapé noir, duquel se développaient aux regards toutes les atrocités de ce lieu.

Voilà où tu périras, Justine, dit Roland, si tu conçois jamais la fatale idée de quitter cette maison ; oui, c’est ici que je viendrai moi-même te donner la mort… que je t’en ferai sentir les angoisses par tout ce que je pourrai trouver de plus dur. En prononçant