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peu repoussant, notre fabricateur de faux louis joignait tous les vices qui peuvent résulter d’un tempéramment de feu, de beaucoup d’imagination, et d’une aisance toujours trop considérable pour ne l’avoir pas plongé dans de grands travers. Roland achevait sa fortune ; son père, qui l’avait commencée, l’avait laissé fort riche, moyennant quoi ce jeune homme avait déjà beaucoup vécu : blasé sur les plaisirs ordinaires, il n’avait plus recours qu’à des horreurs ; elles seules parvenaient à lui rendre des desirs épuisés par trop de jouissances ; les femmes qui le servaient étaient toutes employées à ses débauches secrètes, et pour satisfaire à des plaisirs un peu moins malhonnêtes dans lesquels ce libertin pût néanmoins trouver le sel du crime qui le délectait mieux que tout, Roland avait sa propre sœur pour maîtresse ; c’était avec elle qu’il achevait d’éteindre les passions qu’il venait allumer près des autres.

Il était presque nu quand il entra ; son visage, très enflammé, portait à-la-fois des preuves de l’intempérance de table où il venait de se livrer, et de l’abominable luxure qui le dévorait. Un instant il considère Justine avec des yeux qui la font frémir. —