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tems en tems quelques douceurs. Mon ange, lui dit-elle un jour, déjà trompée d’une manière cruelle par une de mes camarades, je crains de ne pas t’inspirer, à mon tour, un degré bien entier de confiance ; je te proteste pourtant de ne t’en imposer sur rien, et que la vérité pure va t’être offerte ici par ma bouche ; mais de la discrétion ou ma vengeance serait terrible. On me demande à Lyon une jolie fille pour un vieux négociant, dont les goûts sont bizarres, il est vrai, mais qui les paye assez généreusement pour consoler des peines ou des dégoûts qu’ils peuvent inspirer. S’ils te conviennent, je me charge de ta liberté : il s’agit de profanation ; l’homme dont je te parle, est un impie ; il te maniera pendant qu’on dira la messe devant lui ; à l’élévation il sortira d’une petite boîte une hostie aussi bien consacrée que celle qui s’élèvera devant toi ; il t’enculera avec cette hostie, pendant que le célébrant viendra te foutre, à son tour, avec celle qu’il viendra de consacrer. — Quelle horreur, s’écria Justine ! — Oui, j’ai senti qu’avec tes principes une telle proposition te répugnerait… Mais vaut-il mieux rester ici ? — Non, sans doute, — Eh bien ! décides-toi donc. — Je le suis, dit Justine avec un peu