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grand intérêt, la plus belle peau possible, la gorge… les fesses sublimes, et l’un des cons les plus étroits, à ce que prétendaient nos paillards, qu’il fût possible de donner à foutre à des capucins.

Les deux servantes étaient sœurs, dépucelées par nos deux libertins, dès l’âge de dix ans, et à leur service depuis cette époque. L’aînée, que l’on appelait Martine, pouvait avoir environ seize ans ; Léonarde, la cadette, en avait à peine quinze ; de jolies figures, de la taille, de la fraîcheur, voilà ce qui, sans exagération, plaçait l’une et l’autre fille dans la classe des plus jolies villageoises de France.

Pour nos moines, ils étaient à-peu-près du même âge. Mon père, cependant, paraissait l’aîné ; il pouvait avoir quarante ans, tourné comme un satyre, la barbe bleue, les yeux noirs, une étonnante vigueur, une imagination de feu, et l’un des plus superbes vits de l’Europe, après celui du père Ives, qui l’emportait cependant de beaucoup, puisqu’il avait onze pouces de long, tête franche, sur huit de pourtour. Ives n’avait que trente-huit ans ; sa physionomie était moins agréable que celle de mon père ; les yeux petits, le nez long, mais vigoureusement taillé, et plus libertin encore.