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trop vu jusqu’alors le crime dans toute son énergie, lorsqu’une aventure assez singulière vint lui présenter bien à nu l’ame atroce de ces scélérats.

Tout-à-coup la trappe s’abaisse, et vomit dans cette habitation un homme de quarante ans, fort bien mis… mais, qui tout étourdi de sa chûte, ne peut expliquer qu’au bout d’un moment la fatalité qui l’amène. Ceci n’était point la suite d’une des ruses de Séraphine ; ce voyageur avait effectivement vu une femme qui rodait aux environs du lieu où la terre s’était enfoncée sous ses pieds ; et c’était pour se cacher d’elle, qu’attiré par un besoin de la nature, il s’était réfugié dans l’intérieur de ce buisson ; son cheval, chargé d’une valise pleine d’or, devait être à quelques pas du trou, mais hors de la vue de Séraphine ; et si, disait-il, son sort le faisait tomber, comme au milieu d’une bande de voleurs, il fallait se dépêcher d’aller ravir son trésor à la cupidité du premier passant, ou le remonter promptement sur terre, dans le cas ou l’on n’eût sur lui nul mauvais dessein. — Te remonter, dit aussi-tôt Roger en s’avançant vers cet homme le pistolet à la main… Ah ! scélérat, de ta vie tes yeux ne verront le