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sera jamais d’en commettre. Ce qu’il faut, c’est de savoir lequel des deux fait bien ou mal ; or, il me semble qu’une telle chose ne saurait se mettre en question. Je défie que l’homme vertueux puisse me soutenir de bonne foi qu’il a ressenti, en se livrant à une bonne action, seulement le quart du plaisir éprouvé par celui qui vient d’en commettre une mauvaise. D’où vient donc, libre de choisir, irai-je préférer le mode qui ne remue point à celui d’où naît perpétuellement l’agitation la plus tumultueuse et la plus agréable que puisse jamais éprouver l’homme ? Étendons nos idées, jugeons la société entière, et nous nous convaincrons aisément que la plus heureuse de toutes sera nécessairement celle qui sera la plus gangrenée, et cela, généralement dans tous les points. Je suis loin de me borner à quelques dépravations partielles ; je ne veux pas que l’on soit simplement libertin, ivrogne, voleur, impie, etc., j’exige qu’on essaie de tout, qu’on se livre à tout, et toujours préférablement aux écarts qui paraissent les plus monstrueux, parce que ce n’est qu’en étendant la sphère de ses désordres que l’on doit nécessairement parvenir plutôt à la dose de félicité promise dans le désordre. Les