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pour la dérober à toutes perquisitions, que parce qu’en ayant beaucoup trop joui, je n’étais pas fâché, d’après mon usage, de la rendre un peu malheureuse.

Je trouvai Bonifacio très-content du succès de nos ruses, mais fort empressé de jouir à son tour du bonheur de leur entreprise ; j’eus beau lui dire que le sujet n’en valait guères la peine, séduit par la naissance et la figure de Frosine, il voulut absolument vérifier ; et Vous imaginez bien que je n’y mis aucune opposition. Ce serait, me dit Bonifacio, l’occasion de faire une politesse à Chrisostôme, notre supérieur ; plein d’amitié et de confiance en lui, je lui ai fait part de ta bonne fortune ; je suis certain du plaisir qu’il aurait à la partager. Volontiers, répondis-je ; les mœurs, l’esprit, les goûts et le caractère de Chrisostôme me conviennent, et je saisirai chaudement toutes les occasions qui me rapprocheront de lui. Nous partîmes ; mon sérail, toujours en activité, me fournit amplement de quoi satisfaire à l’avide luxure de mes compagnons, et nous exécutâmes des atrocités.

Vous savez la passion de Chrisostôme ; celle de Bonifacio portait également un grand caractère de singularité : il aimait à arracher des