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moyens que j’avais pris, et pour m’assurer la conquête de cette jeune personne, et pour l’empêcher de retourner jamais dans sa famille.

Aussi-tôt après cette conversation j’avais quitté Messine, j’étais venu dans mon château, en annonçant au couvent, que d’indispensables affaires m’empêcheraient de revenir de quelques jours ; Clementia me remplaçait, c’était elle qui devait répondre, lorsque Frosine me demanderait ; elle devait, en continuant toujours de séduire notre jeune innocente, l’amener insensiblement à consentir de me venir trouver à la campagne ; cela fait, par les soins de Bonifacio que je servais également dans ses aventures, afin d’obtenir son secours dans les miennes, par les soins de cet ami, dis-je, le bruit de l’enlèvement de Frosine allait se répandre dans toute la ville ; une lettre de l’écriture contrefaite de cette jeune fille devait être remise à ses parens ; elle leur mandait par cette missive, qu’un très-grand seigneur de Florence, qui la guettait depuis long-tems, venait de la faire monter malgré elle dans une felouque génoise qui s’éloignait avec rapidité ; que ce seigneur faisait sa fortune en l’épousant, et que puisqu’il n’y avait