Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais c’est votre faute, la pudeur n’est pas si exigeante qu’il faille lui sacrifier la nature ; vos parens vous trompent sur la pratique de cette vertu sévère. Le tableau qu’ils vous en font, est aussi cruel qu’injuste ; créée par la nature, n’ayant reçu que d’elle les impressions de volupté qu’elle vous inspire, comment en y cédant, voudriez-vous donc l’outrager ? Tout dépend du choix que l’on fait, qu’il soit bon, et vous n’aurez jamais à vous en repentir ; je vous offre à-la-fois mes conseils et mes soins ; mais il faut du mystère ; je n’accorde pas cette faveur à toutes mes pénitentes ; et la jalousie que leur inspirerait cette préférence, vous perdrait infailliblement ; venez demain à midi précis me demander dans cette chapelle, je vous introduirai dans ma chambre, et je vous réponds que le calme, le bonheur et la tranquillité deviendront bientôt le fruit de mes démarches ; débarrassez-vous sur-tout de cette duegne incommode qui suit par-tout vos pas ; soyez absolument seule ; dites que je vous attends pour une conférence pieuse, et que l’on revienne vous prendre à deux heures. Frosine accepta tout ce que je lui proposais, et m’en jura l’exécution ; elle tint parole ; et voici, moi, de mon côté, les