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blême de matrones espagnoles, furent admises pour le service intérieur, et la séance commença.

Tout était debout, formant un demi-cercle, lorsque les maîtres parurent dans la salle. On s’agenouille dès qu’on les voit. Dorothée s’avance à eux, et leur dit :

« Illustres et magnifiques seigneurs, tous les sujets que vous voyez ici ne s’y réunissent que pour obéir à vos ordres : la soumission la plus profonde, la résignation la plus complexe, la prévenance la plus entière ; voilà ce que vous allez trouver dans tous. Ordonnez donc à vos esclaves, souverains maîtres de ces lieux ; commandez-leur, et vous les verrez aussi-tôt se courber dans la poussière, pour y attendre vos volontés, ou voler pour les prévenir. Multipliez vos goûts, exaltez vos penchans, ne donnez milles bornes à vos passions ; nos facultés, nos existences, nos moyens, nos vies, tout vous appartient ; vous pouvez disposer de tout. Pénétrez-vous bien de l’idée du calme dont vous allez jouir ici : il n’est aucun mortel au monde qui osât troubler vos plaisirs, et tout ce qui vous entoure va ne s’occuper qu’à les rendre plus vifs. Franchissez donc toutes les digues ; ne res-