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avoir besoin de sortir, pouvait satisfaire à-la-fois et la luxure et la sensualité. Au fond de la salle, artistement placé dans une nue, se voyait l’effigie du prétendu Dieu de l’univers sous la figure d’un vieillard. Une seconde ottomane régnait au bas de ce nuage, et l’on y voyait différens attributs de toutes les religions de la terre, des bibles, des alcorans, des crucifix, des hosties consacrées, des reliques, et autres imbécillités de cette espèce. Six cabinets voluptueux attenaient le salon, et présentaient à ceux qui voudraient les occuper, de secrets réduits pour des plaisirs particuliers, et près d’eux de jolies garde-robes garnies de bidets et de fauteuils percés ; une belle terrasse d’orangers, couverte d’une tente, et environnée de jalousies, donnait les moyens de prendre l’air par ses adhérences au salon ; une large banquette de terre l’entourait et pouvait, par sa profondeur, voiler à jamais les masses que la scélératesse de ces monstres désorganiserait vraisemblablement dans l’affreux cours de ces orgies… précaution qui prouve à quel point ces libertins aimaient le crime, et comme ils consentaient tacitement à le commettre tous de sang-froid.