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dresse est autre que le desir de foutre ; qu’il y cède donc sans contrainte, et il sentira bientôt de quelles délices la volupté le couronnera. Or, quelles mains, je le demande, quelles mains lui préparent cette surabondance de voluptés ? si ce ne sont celles de la nature. Et si ce sont les siennes, est-il raisonnable de dire que ces actions puissent l’irriter ? Doublons, triplons donc ces incestes tant que nous pourrons, sans rien craindre ; et plus l’objet de nos desirs nous appartiendra de près, plus nous aurons de charmes à en jouir.

Voilà comme vous légitimez tout, vous autres gens d’esprit, répondit Justine ; mais si votre malheureux génie excuse vos passions dans ce monde, elles n’auront plus en ce jour terrible où il vous faudra paraître devant le maître suprême de l’Univers, un avocat si plein d’indulgence ! Tu prêches dans le désert, Justine, répondit Gernande, et tu n’opposes que des lieux communs à des vérités sans réplique ; vas voir si mes gitons sont prêts ; conduis-les dans mon appartement ; je vais me retirer bientôt ; vas, et prépares ta petite conscience et tes grands principes, à voir exécuter demain d’étonnantes luxures.

Madame de Gernande, inquiète, épuisée,