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périt victime de nos forfaits ; la troisième est celle que tu vois ; nous lui dérobâmes sa naissance. Élevée comme une fille destinée à servir, mon frère, en se mariant, la mit près de sa femme ; on la nomme Marceline ; la jeune personne que tu prends de même pour une femme attachée à madame de Verneuil, est fille de Marceline et de mon frère, ce qui la rend à-la-fois et sa nièce et sa fille. Elle est la mère des deux petits enfans que tu as admiré, qui doivent également le jour à mon frère. Tous deux, comme tu crois, ont encore leurs pucelages, et c’est ici où Verneuil a voulu qu’ils le perdissent ; de manière qu’en jouissant de la petite fille, il aura dans elle à-la-fois, une fille, une petite-fille, et une nièce. Rien ne l’amuse comme le brisement, le renversement de tous ces liens chimériques ; leur rupture est pour lui le plus grand des plaisirs ; ne se contentant point de les heurter dans ses fruits naturels, il les brise de même dans ses enfans légitimes. — Je le savais, monsieur. — Mais, il faut voir, Justine, comme il élève son fils, comme il lui fait bouleverser, à son exemple, toutes nos institutions sociales… Tu verras comme cet enfant traite sa mère, comme il a déjà foulé aux pieds tous