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rempli, ne nous en plaignons pas. Après le meilleur et le plus ample des repas, des promenades séparèrent toute la compagnie ; et monsieur de Gernande, ordonnant à Justine de le suivre, eut avec elle, dans un cabinet du jardin, la conversation dont nous allons rendre compte :

Il lui demanda d’abord un récit circonstancié de tout ce que son frère avait fait à sa femme ; et comme Justine indiquait sans approfondir, il lui ordonna de dévoiler le tout avec la plus scrupuleuse attention. Justine détailla donc. Elle se plaignit d’avoir été traitée avec autant de rigueur que madame de Gernande. Voyons, lui dit son maître… et le paillard s’amusa long-tems de ce coupable et féroce examen. Mais ma femme, dit le méchant homme, n’est pas au moins si maltraitée ? — Tout autant, monsieur. — Ah ! Bon, c’est que je serais fâché que mon frère eût épargné cette putain. — Vous la détestez donc bien, monsieur ? — Infiniment, Justine. Je ne la garderai pas encore long-tems ; je ne vis de mes jours une femme qui m’inspirât plus de dégoût ; mais, sais-tu bien, ma fille, que Verneuil est beaucoup plus libertin que moi ? — Cela est bien difficile, monsieur. — Cela