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aussi-tôt, pour savoir si monsieur de Verneuil n’avait pas besoin de leurs services. Ah ! volontiers, dit Verneuil ; la voiture m’a échauffé ; il y a deux heures que je bande comme un diable : voyez, dit-il en posant sur la table un outil d’une grosseur et d’une longueur effrayantes… Allons, je vous suis, mes enfans. Ces messieurs trouveront bon que je perde un peu de foutre avant que de faire une plus grande connaissance avec eux. — Permettez à ma femme de vous aider, monsieur, dit d’Esterval ; personne n’a plus d’art et de ressources dans l’esprit… son imagination vous plaira. — Volontiers, dit Verneuil ; je ne serais même pas fâché d’y joindre la jeune fille qui nous a reçu… quelle est-elle ? — C’est Justine, mon oncle, dit Bressac ; une héroïne de vertu, un individu tout sentimental, et dont les mœurs et les infortunes forment, avec nos principes, les plus singulières oppositions. Gernande en a fait la demoiselle de compagnie de sa femme ; elles pleurent, elles prient, elles se consolent ensemble, et nous molestons tout cela. — Ah ! délicieux !… délicieux ! parbleu, mon frère, fais-moi monter cette fille, je m’en servirai. — Mais, mon oncle, dit Bressac, si vous passiez chez madame de Gernande, il me semble