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la visite qu’il venait de surprendre, il n’y eut sorte de mauvais propos… de menaces, dont il n’accabla sa malheureuse femme ; celle-ci se défendit de son mieux. On a ouvert ma porte, monsieur, dit-elle en pleurant ; une des vieilles à qui je suis confiée, m’a amenée cette femme de votre part ; il m’est devenu impossible de me défendre de ses tentatives… Je les aurais repoussées si je l’avais pu. Mais Gernande qui ne cherchait que l’occasion d’une scène qu’il se procurait par-là d’une manière délicieuse pour une ame aussi fausse que la sienne, condamna sur-le-champ sa femme à la saignée ; et le monstre, très-échauffé des préliminaires, la piqua dans l’instant aux deux bras et au con ; pour cette fois il se passa d’hommes, Justine lui suffit, la malheureuse s’épuisa à force de le pomper ; le cruel animal, maître de son sperme, eut l’art de n’en lâcher les flots, que quand il vit sa femme évanouie ; et cette séance fut une des plus barbares que Justine lui vit éprouver.

Ce libertin rentrait à peine chez lui, que des voitures se firent entendre dans la cour. C’était monsieur de Verneuil et sa famille : Gernande en fit aussi-tôt donner des nouvelles