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personne, en un mot, est un vrai modèle de grâces et de délicatesse ; mais il faut qu’elle ait un tempérament bien robuste pour résister comme elle fait, depuis dix-huit ans, aux caprices bizarres et désordonnés dont son exécrable mari la rend victime chaque jour. — Oh ! madame, se peut-il donc qu’il y ait au monde un être plus barbare que monsieur de Gernande ? — Tu en jugeras, Justine ; je veux que tu ayes toute l’horreur de la surprise ; laisses-moi finir de te peindre les personnages que nous attendons. Victor, fils de monsieur de Verneuil, est âgé de seize ans ; c’est l’image même de sa mère ; il est impossible d’être plus joli, plus frais, plus délicat, plus mignon ; je ne lui connais qu’une rivale en beauté… Sa sœur Cécile, âgée d’environ quatorze ans, et qu’on dirait que les dieux même ont voulu former de leurs mains, pour donner aux hommes la plus grande idée de leur puissance ; jamais on ne vit une taille plus leste, une physionomie à-la-fois plus douce et plus animée… de plus beaux cheveux… de plus belles dents, et Cécile, en un mot, sans sa mère, passerait infailliblement pour la plus belle personne qui put exister dans le monde : eh bien, Justine, et cette femme, et les deux