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républiques, est de contraindre un malfaiteur à s’habiller en femme, c’est-à-dire, à se revêtir comme l’être le plus vil et le plus méprisé qu’elles connaissent ».

Mais, sans aller chercher des exemples dans des siècles si reculés de nous, de quel œil ce malheureux sexe est-il vu, même encore sur la surface du globe ? comment y est-il traité ? Je le vois enfermé dans toute l’Asie, y servir en esclave aux caprices barbares d’un despote qui le moleste, qui le tourmente, et qui se fait un jeu de ses douleurs. En Amérique, je vois des peuples naturellement humains (les Eskimaux), pratiquer entre hommes tous les actes possibles de bienfaisance, et traiter les femmes avec toute la dureté imaginable ; je les vois humiliées, prostituées aux étrangers dans une partie de l’univers, servir de monnoie dans une autre. En Afrique, bien plus avilies sans doute, je les vois exerçant le métier de bêtes de somme, labourer la terre, l’ensemencer, et ne servir leurs maris qu’à genoux. Suivrai-je le capitaine Cook dans ses nouvelles découvertes ? L’île charmante d’Othaïti, où la grossesse est un crime qui vaut quelquefois la mort à la mère, et presque toujours à son fruit, m’offrira-t-elle