Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gantesques proportions nécessaires à la contenter ? seront-ce à votre avis les qualités morales d’un individu de ce sexe qui pourront nous dédommager de ses défauts physiques ? Eh ! quel être raisonnable, en connaissant une femme à fond, ne s’écriera pas avec Euripide : « Celui des Dieux qui a mis la femme au monde peut se flatter d’avoir produit la plus mauvaise de toutes les créatures et la plus fâcheuse pour l’homme. » S’il est donc prouvé que les deux sexes ne se conviennent point du tout mutuellement, et qu’il ne soit pas une plainte fondée, faite par l’un, qui n’aille à merveille à l’autre, il est donc faux, de ce moment-là, que la nature les ait créé pour leur mutuel bonheur ; elle peut leur avoir donné le desir de se rapprocher pour concourir au but de la propagation, mais nullement celui de se lier à dessein de trouver leur félicité l’un dans l’autre. Le plus faible n’ayant donc aucun titre réel à réclamer la pitié du plus fort, ne pouvant plus lui opposer qu’il peut trouver son bonheur en lui, n’a plus d’autre parti que la soumission. Et comme, malgré la difficulté de ce bonheur mutuel, il est dans les individus de l’un et de l’autre sexe, de ne travailler qu’à se la procurer, le plus faible doit réunir sur lui, par