Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voilà qui est délicieux ! je connais tout cela, moi ; je l’entends à merveille… Il est inoui ce qu’on fait avec de l’imagination !… On tue, on vole, on pille, on empoisonne, on incendie ; il n’y a rien de si simple que tout cela : on y bande, et de ce moment-là seul c’est divin. Je me suis amusé de toutes ces fadaises autrefois ; ma tête s’en irrite encore : mais, comme je vieillis, je préfère des plaisirs plus tranquilles et plus casaniers. J’en fais peut-être autant ; mais c’est chez moi, et je l’aime mieux… Ah ça, et la femme de ce charmant parent elle est donc ?… — Toute aussi vicieuse que lui, mon cher oncle ; j’espère que son cinisme et son libertinage vous amuseront. Ah ! croyez que notre parent a trop d’esprit pour s’enchaîner à une femme, si elle n’avait pas les mêmes vices que lui. — Il faut cela, dit Gernande ; j’avoue que sans cette clause, je ne lui pardonnerais pas de me venir voir ainsi maritalement. Les femmes, mon cher neveu, ont un furieux besoin de réparer les torts de leur sexe. Pardon, madame, poursuivit-il en s’adressant à Dorothée ; mais je n’aime guères plus les femmes que mon neveu, et si j’en garde une chez moi, la manière dont je la rends victime de mes caprices