Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tine, elle sera flattée, je l’espère, que je la lie irrévocablement au sort de madame de Gernande, elle est absolument ce qu’il lui faut ; et cette intime liaison dut-elle l’exposer quelquefois aux brutales passions du mari, je la supplie de trouver bon que rien ne l’empêche de la destiner à la femme.

Justine eut en vain répliqué, il fallait obéir. On partit. Jusqu’au milieu de la forêt la route se fit à cheval ; une voiture à quatre places se prit à la première ville, et l’on arriva sans évènemens chez monsieur de Gernande, dont le château superbe était isolé au milieu d’un grand parc environné de hautes murailles, sur les confins du Lyonnais et de la Franche-Comté. Mais il s’en fallait bien que ce vaste bâtiment fût aussi peuplé qu’il paraissait fait pour l’être : on n’appercevait un peu de train que vers les cuisines situées dans des voûtes sous le milieu du corps-de-logis ; tout le reste était aussi solitaire que la position du château.

Lorsque la compagnie entra, monsieur de Gernande était au fond d’un vaste et superbe appartement, enveloppé dans une robe-de-chambre de satin des Indes, négligemment drapée sur l’ottomane qui le contenait. Près de lui se voyaient deux jeunes garçons