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soient sur vous, dans deux secondes il ne sera plus tems.

Bressac qui, dans le fond de son ame, était obligé d’estimer assez celle qui lui parlait pour ajouter la plus grande confiance à ses paroles, s’élance, et rencontre d’Esterval dans l’escalier : descendons, monsieur, lui dit-il fermement, il faut que je vous parle. — Mais, monsieur. — Descendons, vous dis-je, et en disant cela, il le pousse dans le salon, referme la porte sur lui, en écartant Justine qui le suit. Là, le dialogue dut être fort vif sans doute ; on nous en a laissé ignorer les détails ; mais les résultats furent que Bressac s’étant vraisemblablement démasqué vis-à-vis de son cousin, lui persuada facilement que les scélérats entr’eux ne doivent pas se faire de mal ; que Dorothée fut calmée par les gentillesses et les séductions du marquis, et que la partie fut faite d’aller tous chez l’oncle de Bressac. Cet oncle est un libertin de profession, dit Bressac ; il est aussi votre parent, puisque nous sommes cousins : allons-y, je vous promets chez lui les plus divins plaisirs. Ces arrangemens pris, on soupa tous ensemble ; Justine fut admise : embrasses-moi, lui dit Bressac, vas, je te rends l’honneur vis-à-