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leur lit pour échapper la trappe, ils y étaient ; mais voilà le lit et la chambre.

Cependant les trois victimes, sans défense, imploraient d’Esterval par leurs gémissemens et leurs pleurs ; la jeune fille en larmes était aux pieds de ces deux féroces époux… rien n’entrouvrait leurs ames ; c’est cette infortunée que d’Esterval sacrifie la première ; il la dépucelle sans pitié, l’une et l’autre route du plaisir sont indifféremment parcourues par lui, la mère est traitée de même, et le père a l’espoir de sa grâce, s’il consent à foutre Dorothée ; Justine est obligée d’irriter les passions de ce malheureux. À force d’art elle y réussit. On a bien raison de dire qu’il se trouve plus souvent des trésors dans la culotte d’un rustre que dans celle d’un fermier général. Un vit monstrueux s’élève aussi-tôt ; Dorothée tout en feu l’engloutit ; d’Esterval, appuyant l’enfant sur les reins du fouteur de sa femme, se plaît à enculer la fille sur le dos du père ; Justine a ordre de branler la mère : cette fois, c’est d’Esterval lui-même qui doit, du même coup, ravir les jours du père et de la fille ; l’instant de sa décharge est celui qu’il choisit, et pendant que de sa main droite le scélérat, à coups de poignard, commet ce double meur-