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petits desirs… que de faibles passions… de minces voluptés. Mais cette médiocrité d’opinion n’est point admissible dans un être organisé comme je le suis ; et, si mon bonheur ne peut exister que dans l’infortune des autres, c’est que je trouve dans cette infortune l’unique stimulant qui picote fortement mes nerfs, et qui, d’après la violence de ce choc, détermine plus certainement au plaisir les atômes électriques qui circulent dans leur cavité[1]. En général, toutes les erreurs des hommes, en ce genre, viennent de la fausse définition qu’ils font du bonheur. Ce qu’on appelle ainsi n’est point une situation qui puisse également convenir à tous les hommes ; ce mode est toujours différent en raison des individus sur les-

  1. On développera bientôt ce systême : donnons, en attendant, l’analyse du nerf. Le nerf est la partie du corps humain qui ressemble à un cordon blanc, quelquefois rond, quelquefois plat. Il tire ordinairement son origine du cerveau ; il en sort en faisceaux symétriquement arrangés par paires : il n’y a point dans le corps humain de partie plus intéressante que le nerf. C’est une sorte de phénomène, dit la Martinière, d’autant plus admirable, qu’il paraît moins susceptible d’action. C’est des nerfs que dépendent la vie et