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freux, monsieur, de terribles : au nom du ciel, mettez-vous en défense ; on doit vous assassiner cette nuit. Allez, mon enfant, dit celui dont le vit écumeux venait de sonder Justine ; allez dire qu’on nous apporte du vin et de la lumière… et demain nous vous témoignerons notre reconnaissance. Justine descend ; mais, en ouvrant la porte, les premiers objets qui la frappent sont d’Esterval maniant sa femme, tous deux l’œil collé sur la cloison, et se repaissant à loisir du cruel spectacle que cette scène leur offre. Pourquoi ne t’es-tu pas laissé foutre, lui dit brutalement d’Esterval ? ne t’avais-je pas dit que cela seul m’amusait ? mais il n’est plus tems, vas dire qu’on leur porte ce qu’ils demandent, et restes seule dans le salon. Tout se dispose ; et, comme l’on croit bien, nos marchands se mettent en défense : hélas ! elle était inutile… Un bruit affreux se fait entendre. Ils y sont, ils y sont, s’écrie d’Esterval ; viens, ma femme ; accours, Justine, je les tiens, les bougres ; ils y sont. D’Esterval passe le premier, une bougie à la main ; tous trois, car on entraînait Justine, tous trois descendent dans un souterrain ; et là, quel est l’étonnement de notre malheureuse héroïne de voir les voyageurs étourdis