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cendit au caveau appuyé sur l’une et l’autre de ces filles qui, ce soir-là, devaient, c’était l’usage, remplir auprès de lui les fonctions de fille de garde.

Tout le monde était réuni ; Sylvestre arrivait le dernier ; les deux victimes, revêtues de crêpes noirs, et la tête couronnée de cyprès, étaient placées près l’une de l’autre sur un piédestal élevé à la hauteur de la table, et à l’une de ses extrémités ; Octavie était vue par-devant, Mariette l’était par derrière ; leurs crêpes, relevés sur l’une et l’autre de ces parties, les laissaient voir absolument à nud. Les femmes étaient rangées sur une ligne, les deux troupes d’hommes sur deux autres, les moines au milieu, et les trois duegnes entouraient les victimes. Sylvestre, chargé du discours, monta dans une tribune en face du piédestal, et s’exprima de la manière suivante :

« S’il est quelque chose de sacré dans la nature, mes amis, c’est, sans aucun doute, le droit imprescriptible qu’elle accorde à l’homme, de disposer de son semblable : le meurtre est la première des loix de cette nature inexplicable aux yeux des sots, et que des philosophes, comme nous, savent si bien analyser ; c’est par le meurtre qu’elle rentre chaque jour dans