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cette mère infortunée ; mais tout est réparé par l’enfant que je viens de travailler à te faire. Demeures avec moi ; j’ai besoin d’une femme qui serve mes plaisirs, et qui veille à mes intérêts ; sois cette femme, et point de scrupule : souviens-toi qu’il faut se prêter à tout avec moi ; tantôt victime, et tantôt directrice, il n’est pas un seul de mes desirs que tu ne doives servir, et, à la plus petite résistance, je ne m’en tiendrais peut-être pas à te replonger dans l’affreux état où tu t’es offerte à mes yeux : l’un des conspirateurs des jours de ta mère, pourrait bien devenir ton bourreau. Hélène se jette à mes pieds ; elle me supplie de ne plus penser aux torts de celle qui lui avait donné le jour, et me promet de me les faire oublier, par une soumission sans bornes. De ce moment, je l’installai dans ma maison, à titre de gouvernante ; et la douce Hélène, dans Marseille, remplaça ma Clementia, de Messine.

Ce fut quelque tems après cette rencontre que je devins éperduement amoureux d’un jeune garçon de seize ans, beau comme Adonis, mais dont la froideur, occasionnée par l’amour qu’il ressentait pour une jeune fille de son âge, me désespérait chaque jour.