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virai moi-même tes plaisirs, je ferai tout pour tes jouissances physiques ; mais si le moral y entrait pour quelque chose, je t’abandonnerais à l’instant ; je connais l’impossibilité de captiver une femme comme toi, putain par principes et par tempérament : ce serait, je le sais, vouloir imposer des digues à la mer ; mais tu peux toujours être maîtresse de ton cœur, je te le demande… j’exige qu’il ne soit qu’à moi. — Je te le jure. — Va, nous goûterons de bien grands plaisirs ; le libertinage n’est bon que quand le sentiment n’y entre pour rien : il faut n’avoir qu’une amie, n’aimer sincèrement qu’elle, et foutre avec tout le monde. Juliette, il faut, si tu veux me croire, renoncer à ce train d’opulence avec lequel tu marches ; je réformerai moi-même la moitié de mon train ; nous n’en ferons pas moins bonne chère, nous n’en aurons pas moins toutes nos aises ; mais il est inutile de s’afficher. D’ailleurs, je veux suivre mon état, et l’on viendrait difficilement acheter à une femme que l’on verrait voyager en reine. Et moi aussi, répondis-je, je veux satisfaire à mes goûts, je veux voler, je veux me prostituer, et nous nous livrerions difficilement à tout cela, avec