Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et lui montrant, de l’autre, les cheveux de Clairwil, que j’avais coupés, tiens, voilà les ornemens de la tête que tu as proscrite, et voici la récompense de ta généreuse amitié. Garde tout cela, me répondit la Durand ; Juliette, je t’adore, je n’ai voulu de prix à tout ce que j’ai fait, que le bonheur de t’adorer sans rivale : j’étais jalouse de Clairwil, je ne le cache pas, mais je l’eusse pourtant épargnée sans l’horreur dont elle s’est rendue coupable envers toi ; il m’a été impossible de lui pardonner l’attentat formé contre les jours de celle dont je voudrais prolonger la vie aux dépends de la mienne. Je suis beaucoup moins riche que toi, sans doute, mais j’ai de quoi vivre magnifiquement, et puis me passer de l’argent que tu m’offres : mon métier ne m’en laissera jamais manquer, je ne veux pas être payée d’un service rendu par mon cœur. Plus de séparation désormais, entre nous, dis-je à la Durand, quitte ton auberge, viens dans la mienne ; tu prendras les gens, les équipages de Clairwil, et nous partirons, pour Paris, dans deux ou trois jours. Tout s’arrangea ; Durand ne conserva qu’une femme-de-chambre, à laquelle elle était extrêmement attachée ; elle renvoya le