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celer les filles par les petits garçons ; et finit par les fouetter et les sodomiser, et les empoisonner tous.

Oh ! mon ami, dis-je à Noirceuil, tout ce que nous faisons-là est bien simple ; ne pourrions-nous pas couronner nos orgies, par quelqu’action plus éclatante ? Tous les habitans de ce bourg, n’ont d’autre eau que celle de leurs puits ; je tiens de la Durand, un secret qui les empoisonne en deux jours : mes femmes et moi, nous nous chargeons de les troubler tous, et je branlais Noirceuil en lui faisant cette proposition, afin de ne pas éprouver de refus. Oh ! foutre, me dit le paillard, ne pouvant plus contenir son sperme à cette proposition, oh ! sacre-dieu, Juliette, quelle imagination bisarre t’a donnée la nature, fais ce que tu voudras, mon ange, les flots que tu fais couler signent mon acceptation : agis.

Je tins parole ; tout fut empoisonné en quatre jours ; quinze cents personnes furent mises en terre, et presqu’autant réduites à un tel état de douleur, qu’on les entendait invoquer la mort : on n’attribua le tout qu’à une épidémie. L’ignorance des gens de l’art, de la province, nous mit à couvert, même