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fille, et mademoiselle de Donis ; les deux témoins des mariages, agens des plaisirs sodomistes de Noirceuil, et ses bourreaux s’appelant l’un Desrues, l’autre Cartouche, de l’âge d’environ trente ans, tous deux vêtus en cannibales, des verges, des poignards et des serpens aux mains, étaient debout, près de nos flancs, et parraissaient nous servir de gardes ; à côté de nous, et assises, se voyaient nues, deux de mes tribades, Théodore et Phriné ; à nos pieds, deux putains également nues, parraissaient attendre nos ordres. Ces filles, prises tout simplement dans un bordel, n’avaient guère plus de dix-huit à vingt ans, et toutes deux de la plus charmante figure ; elles étaient là pour servir la scène.

Un peu effrayée de ces apprêts pour ma pauvre Marianne, je m’avisai de rappeler à Noirceuil les promesses qu’il m’avaient faites. Ma chère, me répondit-il, tu dois voir que ma tête est extraordinairement exaltée ; les plaisirs que j’ai goûtés ce matin, à satisfaire l’incroyable passion qui me dévorait depuis long-tems, m’ont exactement tournée la cervelle, et je crains que tu choisisses mal ton moment pour me rappeler à des