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tous deux ont le même objet et les mêmes passions. On Commet le meurtre de débauche, pour s’irriter aux plaisirs des sens ; on commet toutes les autres sortes de meurtres dans l’égale vue de satisfaire une passion. Il n’y a pas, à cela, la plus légère différence : toutes celles que vous y voudriez établir, seraient frivoles ; le motif seul pourrait établir quelque distance. Or, il est assurément bien plus légitime de se livrer au délit, par un intérêt puissant, que par le seul agrément d’une chatouilleuse émission. Vous voulez bien commettre le meurtre pour irriter votre tête, pour délecter votre imagination, et vous ne l’osez point, quand il s’agit d’une fortune.

Le résultat est donc que, si les agrémens que Fontanges vous procure, l’emportent sur ceux que vous pouvez attendre de son bien, il faut garder Fontange, la marier, et jouir du sot et froid plaisir d’avoir fait votre devoir… d’avoir fait une belle action, relative à Fontanges, mais une très mauvaise par rapport à vous : car, ne vous y trompez pas, se priver d’une mauvaise action, n’est/point du tout égal à en faire une bonne. Il peut, à la rigueur, se rencontrer quelquefois un peu de mérite à faire une belle action ; il