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qu’affreux que soit ce Sbirre, il faut qu’il foute la fille, la main teinte encore du sang de son malheureux père et de son triste amant… Assurément, dit Zeno, il y a là des choses délicieuses à faire, gardons-nous bien de les manquer. Un seul Sbirre s’en va, et Zeno s’enferme avec l’autre, Virginie, les têtes, les trois femmes et moi. Nous rappelons la victime à la lumière, en ayant soin de placer les têtes en face d’elle, pour qu’elles la frappent, sitôt qu’elle ouvrira les yeux. Le Sbirre est chargé du soin de rendre cette belle fille au jour ; et dès qu’elle a repris l’usage de ses sens, c’est son père, c’est son amant qu’elle voit, c’est dans les bras de leur bourreau qu’elle se trouve. Je branlais ce vilain homme, pendant qu’il donnait ses soins à Virginie : Foutez cette belle fille, lui dit le chancelier, — Oh ! Monseigneur. — Je vous l’ordonne ; vous avez assassiné le père, je veux que vous foutiez la fille ; vous avez tué l’amant, je veux que vous foutiez la maîtresse ; et le coup de foudre, qui frappe à ces mots Virginie, la replonge encore, presque sans connaissance, dans mon sein. Un moment, dis-je à Zeno, ceci malheu-