noble Grimani ? — C’est moi-même. — Je connais votre affaire, mademoiselle ; et certes, votre père, quoique vous puissiez dire, est grandement coupable. — Non, monseigneur. — Il l’est ; mais tout peut s’arranger. Juliette, suivez-moi : je suis à vous dans un instant, Virginie ; je vais écrire ce qu’il faut pour sauver votre père. — O brave seigneur ! — Un moment, ne pressez pas autant les effets de votre reconnaissance ; cette grâce n’est pas accordée. — Comment ? — Vous saurez tout, mademoiselle, tout sera bientôt dans vos mains ; et vous ne pourrez bientôt plus vous en prendre qu’à vous-même, si vous n’obtenez pas ce que vous demandez : nous passons dans un cabinet.
Voilà, me dit Zeno, une créature qui me fait extraordinairement bander : c’est la plus belle fille de Venise : il faut que je l’aie à quelque prix que ce soit ; cependant, je ne puis sauver son père, et quand je le pourrais, Juliette, je ne le ferais certainement pas ; je vais écrire deux lettres ; dans l’une, je demanderai sa grace, sa prompte exécution dans la seconde ; et ce sera cette dernière que je ferai porter, tout en lui faisant