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de table, et comme ce sont des jeunes filles je te réponds qu’il les fera souffrir dix fois plus. — Notre sexe l’émeut donc davantage ? — Sans doute ; c’est l’histoire de tous les gens cruels en volupté ; la faiblesse, la délicatesse d’une femme les irritent bien plus, leur férocité a bien plus d’action sur la débilité que sur la force, moins on peut se défendre plus ils attaquent avec violence, et comme il entre ainsi plus de scélératesse dans le crime, ils ont aussi plus de plaisir. T’a-t-il bien fait mal ? — Ah ! je suis toute écorchée ; j’ai soutenu des vits monstrueux, jamais aucun qui m’aie fait autant de mal.

Cependant, Moberti ne tarda pas à se réveiller ; à peine le fut-il qu’il demanda à dîner : on servit. Nous étions dans une salle fraîche et solitaire ; tout ce qui était utile au service, se trouvait placé près de nous, sans que nous eussions besoin de domestique. Ce fut là que le brigand m’expliqua les services auxquels il me destinait ; il s’agissait de protéger ses vols, de lui découvrir des victimes, de quitter la Durand, pour prendre une maison seule, où j’attirerais les dupes qu’il comptait voler et tuer. Je prévis dans l’instant qu’il y aurait infiniment plus