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les dépenses de nos réunions libertines : c’est ton amie que je veux être, ce n’est plus ta putain. Un souper délicieux termina cette conversation, et nous nous séparâmes en nous promettant de nous revoir bientôt.

Ne sachant pas comment tout cela tournerait, je crus devoir, jusqu’à de plus amples éclaircissemens, faire un mystère du tout à ma compagne. Nous vivions d’ailleurs dans une liberté assez grande, pour que chacun put faire tout ce qu’il lui plaîsait de son côté.

La signora Zanetti me prévint, quelques jours après, qu’elle avait parlé à son ami ; que celui-ci desirait infiniment de faire connaissance avec moi, et qu’elle m’invitait en conséquence de venir le lendemain dîner chez lui, dans une charmante campagne qu’il possédait dans l’île de Saint-George, à très-peu de distance de la ville.

On ne m’avait point trompé sur le physique de cet homme étonnant ; il était impossible d’être plus laid, et difficile en même tems d’avoir une physionomie plus spirituelle. Voilà, dit Zanetti en l’embrassant, la jolie fille dont je t’ai parlé ; j’espère que, sous tous les rapports, tu auras lieu d’en être content. Le brigand me prit alors par la