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qu’au meurtre. — Jusqu’au parricide, jusqu’au crime le plus effrayant, s’il en existait chez les hommes. Ah sacre-dieu, dis-je à mon amie !… baise mille et mille fois celle qui te ressemble aussi-bien, et juge-moi digne de toi. Eh bien ! me dit Zanetti, puisque tu t’ouvres de cette manière, je vais de même te parler avec confiance ; écoute, ne t’effraie pas, et jure-moi de ne rien révéler de tout ce que je vais te dire ; je fis le serment qu’exigeait mon amie, et voici ce que j’appris d’elle.

Tu sais que je suis veuve, Juliette, et par conséquent maîtresse absolue de mes actions. Ne me demande point comment j’ai eu cette liberté… et devine, sans me faire rougir de l’aveu, qu’elle est le fruit du crime. — Est-ce ta main qui l’a commis ? — Non. Je fis assassiner ce triste ennemi de mes plaisirs : à Venise avec quelques sequins, on brise aisément tous ses nœuds. — Il valait mieux le faire toi-même ; un trait de ressemblance de plus, en ce cas, nous eût réuni. — Oh Dieux ! je t’adore, chère ame ; comme il est bien fait de se défaire de ces coquins-là, quand ils veulent nous gêner ; et quel droit ont-ils donc à notre liberté, pour oser