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oratoire orné de tous les attributs de la religion, voilà d’où je viens ; quand on a, comme moi, le malheur de se livrer à d’aussi terribles passions que celles qui m’entraînent, il faut bien appaiser au moins par quelques bonnes œuvres, la colère qu’elles doivent inspirer à Dieu. Tu as raison, dis-je, laisse-nous imiter ton exemple ; Durand, suis-moi, allons demander pardon à Dieu des crimes que cet homme nous a fait commettre ; et tirant la porte, nous nous enfermâmes dans l’oratoire. Oh ! pour le coup, dis-je promptement à mon amie que je n’avais emmenée là que pour lui parler à l’aise, pour le coup, mes idées changent, et cet imbécille fanatique ne mérite que la mort ; n’ayons nul regret au fil criminel que nous coupons en lui arrachant la vie. Avec une ame timorée comme celle de ce bougre-, on ne parcourt pas long-tems la carrière du vice ; ce seraient peut-être ici ses dernières expéditions : agissons donc sans scrupule. Rien de plus aisé, me dit Durand, que de nous défaire de tous ces gens-là, à l’exception d’une des vieilles qu’il faut conserver pour nous montrer le local ; va, sois certaine que c’est ici où ce