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vol ; car après avoir vu ce spectacle, il serait difficile de ne pas convenir, qu’il est bien plutôt une école de pillage qu’une véritable fête. À peine avions-nous eu le tems de considérer le théâtre, qu’un second coup de canon se fit entendre. À ce signal, la chaine de troupes, qui contenait le peuple, s’ouvrit avec rapidité ; le peuple s’élance, et, dans un clin-d’œil, tout est enlevé, arraché, pillé, avec une vitesse… une frénésie, qu’il est impossible de se représenter. Cette effrayante scène, qui me donna l’idée d’une meute de chiens à la curée, finit toujours plus ou moins tragiquement, parce qu’on se dispute… qu’on veut avoir… empêcher son voisin de prendre ; et qu’à Naples, ce n’est jamais qu’à coups de couteaux que de pareilles discussions se terminent. Mais cette fois, d’après nos desirs, par les soins cruels de Ferdinand, quand le théâtre fut chargé, quand on crut qu’il pouvait bien y avoir sept ou huit cents hommes dessus, tout-à-coup il s’enfonce, et plus de quatre cents personnes sont écrasées… Ah ! foutre, s’écria Clairwil, en tombant pâmée sur un sopha… Eh ! mes amis, vous ne m’aviez pas prévenue, je meurs ; et la putain appe-