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Cela est impossible, nous voulons revoir notre patrie… Et je finissais à peine que la Durand revint. Comme j’étais allée au-devant d’elle, j’eus le tems d’apprendre de sa bouche, qu’elle venait de réussir au plus heureux des coups. J’ai fait un faux billet, me dit-elle, et nous avons le double de l’argent. — Quarante mille sequins ? — Oui, je les tiens déjà dans mon cabinet. — Céleste créature ! oh, combien j’aime ton adresse ! — Te repends-tu du marché, maintenant ? — Non, d’honneur… Mais lorsque Cordelli reverra son agent ? — Le crime sera consommé ; et s’il lâche un seul mot, nous le ferons rouer. — Oh ! baise-moi mille et mille fois, mon ange ! — Viens chercher la moitié de l’argent. — Ces précautions deviennent inutiles entre nous ; occupons-nous de Cordelli, nous partagerons au retour. — Je voudrais que tu prisses tout ; j’ai plus de plaisir à te voir au dernier degré de l’opulence, qu’à m’enrichir moi-même ; et Cordelli nous faisant appeler, nous partîmes.

En peu d’heures, nous arrivâmes au château du négociant. C’était une vraie forteresse située sur un rocher s’avançant de plus de vingt toises dans la mer ; on était obligé