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cette scène atroce produit sur ses sens émus.

Sans pouvoir s’expliquer enfin, Justine est jetée dans un fiacre  ; c’est Dubourg et son valet-de-chambre déguisé sous le costume de l’un des autres soldats, qui raccompagnent pour la consigner dans des cachots, où ces monstres eussent bien mieux figuré eux-mêmes. Une fois dans la voiture avec son complice, on ne se figure pas les atrocités que Dubourg entreprend  : quelle défense offrira Justine  ? elle est liée  ; et ce qu’il y a de bien extraordinaire, c’est que Thémis assure elle-même, cette fois, les projets désastreux du crime. Le valet-de-chambre contient, Justine est troussée, parcourue, baisée, fourragée par-tout  ; mais le libertin, trop ému, ne reçoit heureusement point de la nature les forces nécessaires à consommer son crime, et l’autel est encore une fois arrosée de l’hommage que trop d’ardeur empêche de s’épancher au sanctuaire. Le fiacre arrive, on descend, et notre innocente héroïne est écrouée comme voleuse, sans qu’il lui soit possible de faire entendre un seul mot pour sa justification.

Le procès d’un infortuné, qui n’a ni crédit, ni protection, est promptement fait,