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les moralistes lui donnent, bouleverserait bientôt l’Univers[1].

Ah ! dit Rombeau, plein d’enthousiasme pour d’aussi effrayantes maximes, je t’approuve, mon cher ; ta sagesse m’enchante, mais ton indifférence m’étonne ; je te croyais amoureux de ta fille. — Moi, mon cher, amoureux d’une femme !… Ah ! Rombeau, je me supposais mieux connu de toi… de toi qui connais si parfaitement mes goûts… de toi qui dois être si pénétré de l’horreur que m’inspire un sexe dont je me sers par libertinage, et jamais par penchant. Le goût prodigieux que j’ai pour les culs, l’ivresse où me met un derrière, m’oblige à fêter indistinctement tous les êtres en qui je suppose de la supériorité dans cette partie ; et c’est pour multiplier mes hommages que je ne mets jamais de distinction, ni entre les âges, ni entre les sexes. N’as-tu pas la preuve de ce que je dis, Rombeau ? et malgré tes quarante-cinq, la sublimité de tes fesses ne m’engage-t-elle pas, tu le sais, à t’enculer de tems en tems ? Voilà du libertinage… mais de l’amour… jamais. Ce sentiment pusillanime fut toujours

  1. Cette dissertation se verra dans Juliette.