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portante de la conversion de Rosalie. Mais il faut, avant que de développer l’évènement affreux produit par ce projet, remonter aux premières démarches de Justine pour en opérer le succès.

Cette fille, plus libre de sortir que Rosalie, avait trouvé le moyen de confier à un jeune prêtre de la paroisse tout le plan inventé par elle, pour initier son amie aux grands mystères d’une religion dont on lui cachait les trésors. L’abbé Delne, passionné serviteur de Christ, avait saisi avec empressement la sainte et sublime idée de faire rentrer au giron de l’église une douce brebis qu’on en voulait distraire. Depuis trois semaines, par l’entremise de Justine, Delne avait avec Rosalie des conférences pieuses, et c’était dans la chambre même de Rosalie que se tenaient ces conciliabules. La fille de Rodin suffisamment instruite, pleine du plus ardent desir de s’approcher d’un sacrement dont on lui déguisait la grandeur, devait s’échapper un matin, à la pointe du jour, pour voler promptement à l’église, s’acquitter d’un si saint devoir, et rentrer ensuite mystérieusement. Tout promettait le plus entier succès ; et Rosalie, arrachée au libertinage de son père,